Cette chronique intéressera surtout Marc qui va en Islande bientôt
et peut-être Nicolas le linguiste. Pour les autres, eh bien, c'est de la
culture générale -- on n'en a jamais trop -- et puis vous serez capable
de prononcer Eyjafjallajokull lors de la
prochaine éruption, ce qui impressionnera tous vos amis! Vous serez
même capables de l'écrire.
Comment apprendre des éléments d'une langue sans repères ou presque
? J'ai essayé de me débrouiller sans avoir eu le temps de vraiment me
préparer. Ce n'est que vers la fin du séjour que j'ai découvert que le
guide Lonely Planet avait un petit glossaire.
Je pense qu'il vaut toujours mieux voyager avec un petit lexique ou un
dictionnaire. Les trucs sur le web sur comment dire bonjour ou merci en
islandais sont assez inutiles, surtout si vous n'avez pas d'idée de la
prononciation. Mais les lexiques sont inutiles
pour les langues qui mettent les mots bout à bout si on ne comprend pas
le principe. Je me rappelle être allée au restaurant en Allemagne avec
un dictionnaire et en avoir constaté l'inutilité totale pour comprendre
le menu.
Première leçon : il n'y a pas de longs mots en islandais, que de
petits mots mis bout à bout -- comme en allemand. Donc, il faut
apprendre les petits mots les plus fréquents. En voici une petite liste.
Je vous explique après comment ça fonctionne.
Kirkje: église (church), très fréquent dans les noms de lieux (comme nos saints)
Skol: école (school)
Hus, au début ou à la fin d'un mot, a trait à la maison (house)
Bud, budín: magasin
Baer, baejar: ferme(s)
Laug, laugar: piscine
Gata, straeti : rue
Vegur: route
Vogur, Vik: baie
Fjordur: fjord
Fjalla: montagne
Jokull: glacier
Vestur, austur: ouest, est.
Bon maintenant, pour lire, comprendre, dire, "vesturbaejarlaug",
c'est facile. Vestur (ouest) -- baejar (fermes) -- laug (piscine) et
donc vestur-baejar-laug: piscine des fermes de l'ouest. Vesturbaer est
un quartier de Reykjavik. Et pour tous les lieux
qui se terminent par Fjordur, on n'a qu'à retenir le début:
Hafna-fjordur ou fjord d'Hafna. Eyja-fjalla-jokull: glacier de la
montagne d'Eya (le j se prononce comme un y). Il faut juste savoir où
séparer les mots, ce qui devient vite évident puisque ce sont
presque tous des mots de deux syllabes. Skolavegur: Chemin/route de l'école.
Pour le super-marché par contre, une chance qu'ils mettent parfois
des photos parce que ce n'est pas évident. Ça m'a pris un bout avant de
découvrir que "naut" voulait dire boeuf et que pipersteak, c'était en
général de la baleine (parce que c'est hrefna pipersteak et hrefna, c'est baleine). Au moins "lamb" est
évident...et abondant. Je n'ai pas réussi à trouver du cheval
(hestar). Smor, c'est beurre, mjelk, lait. Très important, dès qu'il y
a "reyk", c'est fumé. Reykjavik: baie des fumées. Et donc, pour la
viande ou le poisson, "reyk" dans le mot veut dire que
c'est fumé.
En passant, j'oubliais, "Fisk, fiskur", automatiquement
poisson. Et son pendant, vatn qui veut dire lac -- comme dans Myvatn, Lac des moucherons -- mais aussi eau -- comme dans sodavatn, eau gazéifiée.
Deuxième découverte, les déclinaisons: les mots n'ont pas la même
forme selon leur rôle dans la phrase, comme dans plusieurs langues dont
le latin, le russe, l'allemand.
Le complément de lieu d'abord. On dit Olafsjordur mais "I
Olafsjordi" quand on veut dire "à Olafsjordur ". De même, gata (rue) se
transforme en "i gotu", pour "à la rue...X"
Par ailleurs, le complément de nom demande l'ajout de "ar". On dit, pour la saga de Sturluson, saga Sturlusonar. Par contre le "s" sert aussi pour cela: Olafsjordur: le fjord d'Olaf.
ET "ar" est aussi le pluriel de "ur": femme, c'est konur, et femmes, c'est konar.
Voilà où j'en étais quand j'ai vu qu'on expliquait sur le net
comment faire le pluriel et le féminin en islandais...mais je n'ai pas
eu le temps de consulter. Question: Est-il plus facile de comprendre le
rôle des mots dans la phrase quand ça s'écrit
différemment ? Dur à dire.
Dernier point: ça ne se prononce pas comme ça s'écrit, ce qui est
assez difficile, entre autres pour comprendre l'oral ou le parler. Le
"j", en général c'est "y", comme parfois le "g". Le "g" dur (devant a ou
u, par exemple) se prononce "kh". Le "ur" à
la fin des mots se prononce à peine, un peu comme notre "e muet". Les
"r" sont très roulés comme dans Errrriksson.
Voilà donc où j'en étais quand nous avons dû quitter. Je n'avais en
tout cas plus de difficulté à me rappeler des noms de lieux et à me
faire comprendre quand je les disais. Et ça s'améliorait au
super-marché.
A++
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